Hier après-midi, avec mes confrères chimistes, nous allions vister un lieu de mémoire de chimistes:
le musée Curie. Il n'est pas besoin d'être chimiste pour le visiter, et l'entrée est libre du mercredi au
samedi entre 13 et 17h, c'est au 1 rue Pierre et Marie Curie, dans le 5è arrondissement de Paris.
En 1898, Pierre Curie et son épouse Marie, d'origine polonaise, découvrent le polonium et le radium
qu'ils isolent à partir d'un minerai, la pechblende (qui contient surtout de l'uranium, et que l'on trouvait dans les mines
d'argent en Bohême), et qualifient la radio-activité (désintégration de noyaux atomiques instables émettant des
radiations et des particules). Ils créent l'Institut du Radium de Paris en 1914, où le bureau et le dernier
laboratoire de Marie Curie ont été conservés. C'est ce que l'on voit au musée Curie.
Ci-dessous, la chaîne de désintégration du Radium 224, considéré comme un candidat potentiel pour la médecine nucléaire,
en raison de sa courte demi-vie de 3,62 jours (comprenez qu'il n'irradiera pas trop longtemps les patients!)
Comme le musée n'est pas très grand, et qu'il y a déjà deux groupes à l'intérieur, nous attendons,dans
le jardin, en regardant l'exposition de photos "Paillasses et blouses blanches", et quoique les chimistes
sur les photos soient nos vénérables aînés, la contemplation des paillasses nous rajeunit tous.
A l'intérieur du musée, il y a le dernier laboratoire où exerça Marie Curie, et son bureau. Les deux
sont, d'un point de vue de chimiste, modestes et usuels. C'est surtout un lieu de mémoire.
Dans la galerie à l'entrée, des appareils à produire, transporter, mettre en oeuvre des éléments radioactifs.
Et une collection de créations radioactives et commerciales du début du XXè siècle, crème au radium
destinée à embellir la peau (tant qu'il en reste), appareils en caoutchouc radioactif à rectifier le corps...
On trouve aussi, et c'est émouvant, des écrits de Marie Curie, dans son rôle de directrice de laboratoire,
et de scientifique de très haut-niveau (seule femme double prix Nobel, de physique en 1903, de chimie
en 1911, et seule double prix Nobel dans deux disciplines scientifiques différentes). Pour vous faire
sourire, voici une invitation en bonne forme à cesser de la solliciter pour des activités de diva...
Irène, la fille aînée de Pierre et Marie Curie fut aussi une lauréate du Prix Nobel ainsi que
son époux Frédéric Joliot. Voici ci dessous la famille aux cinq prix Nobel...
Si vous passez par le Quartier latin... au-delà de ce qui est donné à voir, le musée est philosophiquement
intéressant par la modestie et la simplicité de son laboratoire. Les découvertes qui changent le monde
(rayons X, radiothérapie) peuvent naître de peu de choses, et de beaucoup de volonté. A méditer...
Sylvie, blogmestre