Il y avait hier soir deux oeuvres de Georg Friedrich Haendel que j'aime beaucoup et que je n'avais
presque jamais entendues en concert, données par l'Orchestre national d'Ile-de-France à la salle Gaveau.
J'avais acheté une place pour le concert russe de la Philharmonie, mais décidai en dernière minute de vérifier si
la salle Gaveau avait encore des disponibilités pour le concert Haendel, l'occasion ne se représenterait peut-être
pas de si tôt d'entendre ces deux pièces. Je suis arrivée à la salle Gaveau avec un peu de retard pour
le concert de 20h, mais il restait des places, et j'en ai acheté une, de dernière minute, à 20h11*
On m'accompagna au 2è balcon et me fit entrer discrètement dans la salle, où je pus choisir ma
place parmi celles qui restaient, une très jolie place de coin, voici la salle Gaveau depuis cette place:
Je n'étais pas allée salle Gaveau depuis plusieurs mois, et le souvenir du 14 novembre 2015 traversa ma mémoire.
Ce jour là j'étais dans cette même salle à un concert de l'Orchestre Pasdeloup, dédié aux victimes des attentats, avec
quelques centaines de mélomanes qui refusaient de se laisser intimider, ouvert par une Marseillaise improvisée
par un chef britannique. Un souvenir marquant, qui revenait en ce mois de novembre, deux ans après.
Quand j'arrivai à ma place hier soir, le concert était commencé, mais seulement depuis une dizaine
de minutes. Le programme comportait une première partie composée par Haendel, et une
seconde partie composée par Haydn, et s'intitulait "Royal ! Du baroque au classique"
La première partie, de Haendel, comprenait deux pièces, tout d'abord la première suite de "Water Music",
en fa majeur avec 9 mouvements (l'intégralité de "Water Music" comporte trois suites), créée en 1717
pour le roi d'Angleterre George Ier, par cinquante musiciens et leur chef, jouant sur la Tamise,
escortés d'une myriades de barques, felouques et esquifs, qui entouraient l'embarcation
concertante pour profiter au mieux de ce divertissement musical inédit.
La deuxième oeuvre de cette première partie était la suite "Musique pour les Feux d'artifice royaux",
en cinq mouvements, composée en 1749 pour le roi George II. Les Feux d'artifice royaux avaient
été écrits pour une centaine de musiciens, mais par pragmatisme, Haendel limita son orchestre
à 80 musiciens, et remplaça les cordes par davantage d'instruments à vent et de percussions
(pour couvrir le bruit des détonations pyrotechniques...) Le concert d'hier soir avait conservé ses cordes.
Ci-dessous le 4è mouvement des Feux d'artifices royaux, en plein air à Chambord:
Ces deux oeuvres, distantes de 37 ans dans la vie de Haendel, ont le même caractère de faste et
de flamboyance adaptées aux circonstances de leur utilisation. Les Feux d'artifices sont contemporains
de l'écriture du Messie, et sont bien différents. Le jeune chef italien talentueux qui dirigeait l'Orchestre
national d'Ile-de-France, Ottavio Dantone, a dirigé ces deux oeuvres de manière plutôt martiale,
l'interprétation française étant habituellement plus fluide, comme ci dessus par le Concert spirituel.
La raison pour laquelle je tenais tant à ce concert est que ces deux oeuvres de Haendel étaient parmi mes favorites à
la flûte à bec, à 12 ans, je pouvais jouer de la musique aquatique ou du feu d'artifice pendant des heures! Regardez
les hautbois baroques sur la vidéo qui précède: ce sont de grosses flûtes en bois avec une anche au lieu du bec...
La deuxième partie du concert comportait elle aussi deux oeuvres, du prolifique Joseph Haydn:
l'ouverture de l'opéra "Le monde de la lune", suivi d'une Paukensymphonie de l'époque londonienne
(le néologisme est de moi!) du compositeur, qui est son avant-dernière de la série. Le livret citait Haydn:
"Parfois, j'ai pris la liberté d'offenser non pas l'oreille, mais les règles les plus courantes des traités,
et je soulignais de tels passages par les mots "con licenza"." La licence consistant ici en un roulement
de timbales du plus bel effet en ouverture, une outrance savoureuse de ce modèle de classicisme
qu'était Haydn, qui tint à se justifier de son écart par rapport aux "stratagèmes" musicaux en usage.
Ces deux oeuvres étaient à l'image du compositeur, plaisantes à écouter (j'ai un peu de mal à distinguer
les symphonies de Haydn les unes des autres, et préfère ses oeuvres chantées, de mon opinion plus émouvantes).
La musique de Haydn reste quand même de facture élégante, gracieuse et très agréable.
Le stratagème du roulement de timbales, avec licence, était tout à fait intéressant, tonique!
Le concert fut très applaudi, bissé, et l'on remit un gros bouquet de fleurs à Ottavio Dantone,
qui les offrit galamment au premier violon de l'orchestre, que l'on voit sur la photo ci-dessus.
Le concert s'est terminé peu avant 22h, et j'ai repris le métro à 22h03**
Un retour agité, il me fallut deux heures pour rentrer chez moi!
Sylvie, blogmestre