On donnait hier soir, dans la version "opéra en concert", au Théâtre des Champs-Elysées,
Les Noces de Figaro de Mozart. L'Orchestre de chambre de Paris était dirigé par Douglas Boyd.
Les chanteurs étaient solistes ou choristes du Garsington Opera. Ci-dessous un ajout:
la bande-annonce de l'opéra, trouvée sur le compte YouTube du Garsington Opera
La bande-annonce montre Douglas Boyd, en français, Suzanne et Chérubin, en italien.
(admirez la jolie voix nuancée de Chérubin...)
J'avais une place sur un strapontin en corbeille, et pus avancer d'un rang vers le strapontin
de la rangée précédente, qui était libre, c'était très près de la scène, et je vis très bien.
Il s'agissait bien d'un opéra, car il y avait une mise en scène et de l'action, quoique les décors
fussent réduits aux bases nécessaires à l'intrigue, cependant les musiciens étaient déployés
sur scène, derrière les solistes. Les musiciens furent rejoints par le choeur, composé de deux
parties, féminine et masculine d'une demi-douzaine de choristes chacune, sur les côtés
à l'arrière. Voici ci-dessous les chanteurs et Douglas Boyd devant l'orchestre, aux saluts;
on voit aussi les musiciens, et la partie féminine du choeur, debout au fond à droite.
L'opéra, en quatre actes, avait une durée estimée de 1h40 pour les deux premiers actes, et de 1h20
pour les deux derniers, soit trois heures, entrecoupées d'un entracte (pendant lequel il y eut une ruée
sur les boissons et les glaces). En changeant d'étage (je suis au premier balcon habituellement), j'avais changé de
voisins, et d'habitudes. Mes voisines revinrent du bar avec une coupe de champagne, qui me parut doté d'un effet
désinhibant certain, surtout en fin de concert. Il faudra que j'enquête sur ce champagne une fois prochaine...
Je voyais Les Noces de Figaro en "réel" pour la première fois. J'en avais déjà vu des extraits à la
télévision, et trouvai l'intrigue complexe et bouffonne. L'opéra est en italien, quoiqu'il se situe en
Espagne, car l'italien est la langue de l'opéra bouffe, n'est-ce pas, et la scène offrait un surtitrage en
français. Les chanteurs étaient anglais mais ça ne s'entendait pas... (pendant mes études, j'ai passé
deux mois en Allemagne en Institut Goethe, et parmi mes condisciples germanisants, il y avait des solistes qui
apprenaient l'allemand pour chanter correctement les opéras... l'équivalent existe probablement pour l'italien).
Avant de vous exposer l'intrigue, faisons quelques présentations préliminaires. Les personnages
vont par paires, à l'exception notable du page Chérubin. Ils sont onze. Il y a le couple Figaro-Suzanne,
le coiffeur et la camériste, le comte et la comtesse Almaviva, il dottore Bartolo et Marcelline, Barberine
et son père Antonio le jardinier, et deux messieurs: Basile le maître de chant et Curzio le légiste.
Et Chérubin, Narcisse mâle à la voix haute, qui s'éprend de toutes les dames jeunes, elles lui res-
semblent tant, ce qui est souligné car interprété ici par une mezzo-soprano, à cheveux longs.
Comme toujours dans les opéras comiques, le quiproquo est roi. Ajoutons un peu d'absurde: le comte,
dont l'épouse est splendide, est un coureur de jupons impénitent, qui envisage de rétablir le droit
de cuissage pour pouvoir s'approprier Suzanne. Figaro de son côté est convoité par une femme plus
âgée, de la domesticité, qui lui a prêté de l'argent, appuyée par Bartolo. Suzanne et Figaro veulent se
marier, et Chérubin est amoureux de la comtesse... le comte l'expédie aux armées, mais Chérubin
s'incruste, déguisé en femme par Suzanne. Tout ceci s'agite et la tension va crescendo jusqu'à
l'entracte. Coup de théâtre: à une tache de naissance, Marcelline reconnait dans Figaro le fils qu'elle
a eu avec Bartolo, disparu après sa naissance. Voici Figaro et Suzanne dotés d'une famille !
Encore un subterfuge et le comte se retrouve à faire la cour à son épouse voilée qu'il prend pour
Suzanne, qui lui pardonne, et ouf, tout s'arrange, chacun retrouve sa chacune !
Voici l'ambiance de la fin de l'opéra-concert. Très belles voix des solistes.
J'ai personnellement beaucoup aimé celle de Marta Fontanals-Simmons, qui interprétait Chérubin
avec conviction, et beaucoup de nuances vocales. Personnage ambigu s'il en était, mais très à l'aise
dans son ambiguité ! Le ballet ne fut pas dansé, faute de danseurs (je me suis demandé s'ils n'allaient pas
inventer quelque chose... mais on se limita à la musique, impossible de trouver une vidéo extérieure de ce ballet
comme je l'espérais... Une très belle soirée, très agréable., le Théâtre était plein d'auditeurs ravis.
Douglas Boyd était en nage à la fin de l'oeuvre, le pauvre (il aurait dû diriger en chemise noire... mais peut-être que
ça ne se fait pas sur scène, je me souviens que Daniele Gatti l'avait fait l'an dernier, mais dans la fosse)
L'opéra, très applaudi, bissé, se termina vers 23h10 environ, je suis rentrée chez moi après minuit.
Sylvie, blogmestre