Il y avait hier soir un concert en l'église de la Madeleine, qui proposait la 7è symphonie de
Ludwig van Beethoven, et le Requiem de Gabriel Fauré. Le concert était interprété par
l'orchestre Hélios et le Choeur de Paris, sous la direction de Till Aly.
Je fréquente assez régulièrement l'église de la Madeleine, pour avoir constaté dans son programme que Till Aly,
l'orchestre Hélios, et le Choeur de Paris y proposaient de multiples concerts et des oeuvres variées. J'avais entendu
le choeur en décembre 2015 dans un concert de Noël, et constaté que le mensuel "Cadences" (distribué devant
toutes les salles de concert que je fréquente aussi!) avait inclus ce concert dans ses recommandations.
L'église était un peu moins pleine que pour un Requiem de Mozart, mais il y avait néanmoins une file d'attente
qui allait de l'intérieur de l'église jusque sur le trottoir au-delà des grilles quand je suis arrivée.
Ayant une place de 1ère catégorie, je m'installai de côté, en surplomb, de manière à voir un peu mieux
l'orchestre qui est en bas de l'autel. Les musiciens arrivèrent en descendant l'escalier devant l'autel,
ce qui était une bonne idée, puisque cela permettait au public de les voir à cette occasion.
Le concert commença par la 7è symphonie de Beethoven, créée en 1813 à Vienne. Cette symphonie
marque le retour du compositeur à une forme plus classique, loin des évocations primesautières de la
sixième qui l'avait précédée. Selon Wagner, elle serait composée de danses. Personnellement je la
trouve grave et emphatique, comme la contemplation des grandes forces du monde (7 est un nombre
symbolique, le monde fut créé en sept jours, la semaine dure sept jours, 7 représente la fin d'un cycle).
La septième symphonie de Beethoven, qui est de facture classique, comporte 4 mouvements:
Vivace, Allegretto, Scherzo, Allegro con brio. Elle a été dédiée au comte Moritz von Fries qui était l'un
des amis et des mécènes du compositeur. Quoiqu'elle soit écrite en mode majeur, il y a une part de
fatum, d'acceptation d'un destin minuscule face aux forces divines. Ceci est probablement renforcé par
l'état de maladie avéré et irréversible du compositeur: on espère et l'on se bat au début, on se fait une raison à la fin.
L'orchestre Hélios (qu'un monsieur près de moi a qualifié imprudemment de "petit orchestre") se montre à la
hauteur de la tâche et emplit la très grande nef des accents beethoveniens. L'église participe
à sa manière dans un effet retour qui doit un peu perturber les musiciens comme il perturbe les choristes,
mais les musiciens sont des pros, ils résistent mieux! J'ajouterai que l'église, par son caractère monumental,
ajoute une dimension grandiose à la symphonie, à laquelle la musique se prête.
C'est la bonne symphonie, au bon endroit.
Ci-dessus un extrait vidéo du premier mouvement, "vivace".
Ci-dessous un deuxième extrait vidéo, du 2è mouvement de la 7è symphonie de Beethoven.
Le deuxième mouvement est "allegretto", il s'agit du tempo. Le terme allegretto, dans ce qu'il suppose de joyeux,
ne me semble pas bien qualifier son caractère grave, mais c'est la dénomination officielle. Si vous êtes intéressé
par le détail de la construction du 2è mouvement de cette symphonie, une explication détaillée
et brillante a été mise en ligne par un compositeur, ici
La symphonie, aussi belle qu'il était possible en ce lieu à l'acoustique particulière (mais cela finit
par être drôle, c'est comme une course contre l'écho), est très applaudie. Des personnes devant moi se lèvent
pour prendre des photos, je suis heureuse de m'être perchée pour continuer à voir ce qui se passe!
Les choristes se mettent en place sous les applaudissements, pour la deuxième partie du concert,
le Requiem de Fauré. Et là, je découvre un autre choeur que celui dont j'avais gardé le souvenir en 2015.
J'ai compté 43 choristes, mais acoustiquement, ils remplissent l'église. La puissance est là, l'équilibre des
pupitres aussi, les voix sont belles. Ce sera un très beau Requiem de Fauré ! Curieusement, les
résonances de l'orchestre semblaient comme amorties par la présence du choeur.
Gabriel Fauré est un enfant du lieu, puisqu'il fut maître de chapelle, puis organiste de l'église de
la Madeleine, et titulaire du grand orgue. La deuxième oeuvre du concert est aussi au bon lieu !
Je n'ai jamais chanté le Requiem de Fauré, mais l'ai entendu plusieurs fois en concert avec plaisir.
Mon passage préféré étant le Sanctus, tout en délicatesse, voici un extrait du Sanctus:
Ce Requiem présente la particularité de ne pas contenir de Dies irae, Fauré ayant une conception
douce de la religion chrétienne, à l'inverse de ses confrères, qui utilisèrent le châtiment divin, les
flammes de l'enfer, la dernière trompette (trombone pour Brahms...) avec un grand sens de la terreur
musicale. Mozart a écrit un Dies irae claquant, Verdi a fait intervenir trois fois dans
son Requiem un Dies irae en forme de tornade s'abattant sur la Terre...
Ci-dessus, voici Till Aly aux saluts, avec les deux solistes du Requiem, Marie-Noël Cros
et Jean-Louis Serre. Le Requiem de Fauré fut aussi très applaudi. Ce fut un très beau concert,
je retiens l'orchestre Hélios, le Choeur de Paris, et Till Aly, pour une prochaine fois.
Ci-dessous le grand orgue de la Madeleine, tenu en son temps par Gabriel Fauré.
Sylvie, blogmestre