Il y avait hier soir au grand auditorium de la Maison de la radio un ciné-concert, dont j'ai eu le
grand plaisir d'être spectatrice. Le film projeté était Métropolis de Fritz Lang,
accompagné par une improvisation à l'orgue de Thierry Escaich.
Le placement étant libre, je suis partie plus tôt, à 18h53 en gare d'Arcueil* pour pouvoir choisir ma place de cinéma.
Arrivée à la Maison de la radio, ce ne fut cependant pas le cas, car les places de face du 1er balcon convoitées
étaient en partie réservées, en partie déjà occupées. Je me suis assise en loge 3 du 1er balcon, deuxième rang,
3è place (siège 43 il me semble), entre deux messieurs et deux étudiantes.
Voici le dispositif de projection, un écran au fond de l'auditorium, derrière la corbeille choeur, par dessus
les tuyaux de l'orgue, dont la console est visible en dessous de l'écran. La console de l'orgue est
équipée d'un écran vidéo qui projette le film pour l'organiste qui l'accompagne musicalement.
Ci-dessus le public dans l'auditorium quelques minutes avant le début de la projection, réparti
le plus de face possible, quoique la position en biais ne déformait pas la vision, du moins à l'endroit
où j'étais placée. Le film fut introduit par un commentateur, qui a attiré notre attention sur des
particularités qui m'avaient échappé jusque là. "Metropolis" est un film de 1927, estimé être le chef
d'oeuvre de Fritz Lang, réalisateur allemand qui s'exilera aux USA pendant la guerre. Personnellement,
je préfère M. le Maudit, qui n'est pas un film muet. Metropolis, donc, est une oeuvre basée sur un roman
de Théa von Harbou, qui était en 1927 l'épouse de Fritz Lang. Il s'agit d'une oeuvre expressionniste,
regorgeant de références bibliques, nous fit remarquer le commentateur, qui cita le père du héros
qui s'appelle "Joh", diminutif de Jéhovah, et dont le fils Ferder est le "médiateur" qui manque
aux hommes. L'héroïne féminine, elle, s'appelle Maria. On trouve aussi dans ce film la tour
de Babel, Moloch-Baal, et sa fin rappelle Notre-Dame de Paris de Victor Hugo...
L'histoire est à la fois simple et compliquée... Metropolis est une ville futuriste (certaines vues
rappellent étrangement le "5è élément" de Luc Besson) divisée en deux parties: le haut et le bas. En haut
dans les gratte-ciel de la ville vivent les familles aisées, et dans les entrailles de la terre, les ouvriers
exploités triment sans relâche pour faire tourner les machines qui alimentent leurs "frères" du dessus.
Maria est une jeune fille pauvre qui tente de rapprocher les deux parties. Le fils de Joh Ferdersen,
dirigeant de Metropolis, tombe amoureux de Maria, et prend conscience de la vie d'esclaves des
ouvriers. Ceux-ci révèrent Maria, dans les vieilles catacombes de la ville. Voyant cela, Joh demande
au savant fou Rotwang qui a créé une machine humaine, de la faire à l'image de Maria pour
détruire son emprise sur les ouvriers. La machine Maria est plus démoniaque que céleste...
Assise sous un pentagramme retourné, signe satanique, elle danse presque nue dans un
cabaret et échauffe les sens des jeunes gens fortunés. Dans les catacombes, elle pousse les
ouvriers à détruire les machines qui alimentent la ville en énergie, entraînant une catastrophe
souterraine spectaculaire, à laquelle les enfants des ouvriers échappent grâce à la bravoure de la
vraie Maria (la fausse a été brûlée sur un bûcher!), et de Freder. Le caractère extraordinaire de ce film,
en plus de ses aspects futuristes (le film a 90 ans quand même!) c'est son gigantisme, ses dizaines
de milliers de figurants, hommes, femmes et enfants, ses mécaniques démesurées
et sa destruction violente et spectaculaire, dans les torrents d'eau et les arcs électriques qui
jaillissent de partout. Même en noir et blanc, même avec les moyens techniques de 1927,
le résultat impressionne. La musique improvisée par Thierry Escaich sur l'orgue du grand auditorium
soulignait l'action à l'écran. La musique d'origine était orchestrale, comme sur la bande-annonce.
Thierry Escaich fut très applaudi pour son improvisation, il vint saluer à l'avant de la scène.
Le film durait 2h30, nous sommes ressortis vers 22h40 de la Maison de la radio,
j'ai repris le RER C à la station Avenue du Président Kennedy à 22h44**.
Sylvie, blogmestre
PS: hier soir 29 novembre, entre 21h et 22h30, on a bloqué mon accès à Overblog avec beaucoup
de détermination, comme s'il y avait un enjeu dans le fait que je puisse mettre à jour cet article,
et qu'on souhaitait absolument m'en empêcher. J'y suis parvenue quand même...