Ce matin, il y avait un concert en famille à la Philharmonie, sur le thème "Beethoven à Vienne", avec
l'Orchestre National d'Ile-de-France dirigé par Enrique Mazzola. Je ne pouvais pas résister à une telle proposition!
Il y avait du soleil sur le Parc de la Villette, quand j'arrivai vers 10h45. Etait-ce l'orchestre, ou la difficulté
d'assister aux concerts Beethoven pour adultes? Ou peut-être était-ce, comme pour moi, le plaisir d'un moment
musical partagé avec toutes les générations? Il y avait aussi beaucoup d'adultes sans enfants.
La présentation du concert sur le site de la Philharmonie, où j'avais réservé ma place, faisait état d'une
projection d'images, qui accompagnerait le 5è concerto pour piano de Beethoven, dit "L'Empereur".
Ci-dessus la vue sur l'orchestre de ma place, et le coin gauche du bas de l'écran.
En fait, pour la modique somme de 10€, nous eûmes un concerto magnifique, un cours d'histoire,
un cours de musique, et une projection de détails de peintures et portraits d'époque.
J'ai apprécié en cinéphile la minutie du scénario, et la précision du découpage de ce qui était devenu
un spectacle son et images. J'ai aussi apprécié la qualité didactique des explications et de la narration,
le soin dans le choix des illustrations, l'animation vidéo des images fixes. Deux comédiens lisaient
tour-à-tour la narration, nous racontant la situation de l'Autriche de 1808, lors de la composition du
concerto, les guerres napoléoniennes, la virtuosité de Beethoven, décortiquant pour nous les gammes,
arpèges et trilles du concerto, la protection du musicien par trois mécènes, le château de Schoenbrunn
et ses retraites bucoliques à Baden. J'eus le plaisir de retrouver dans le rôle du narrateur Loïc Corbery,
de la Comédie Française, que j'avais vu jouer Alceste dans le Misanthrope, et qui était donc en terrain
de connaissance pour nous parler de Ludwig. Léonie Simaga assurait l'autre partie de la narration.
Louis Lortie était le pianiste de ce concerto. On le voit ci-dessus aux saluts avec Loïc Corbery et
Léonie Simaga (pendant que Enrique Mazzola parle avec son premier violon). Dans l'exécution
musicale, quelques phrases du concerto étaient jouées, puis interrompues de manière calculée,
et la parole était aux narrateurs, dans les deux mouvements rapides, le premier et le troisième.
Dans le deuxième mouvement, lent, il y eut un chevauchement de la musique et de la narration,
le chef d'orchestre faisait démarrer les comédiens comme il l'aurait fait de choristes, les comédiens
devenaient alors les instruments d'une musique différente, d'un contrepoint parlé. Et pour le plaisir
de la vue, nous avions des peintures, esquisses, aquarelles, partitions... C'était passionnant, et la qualité
de la narration et des illustrations faisait oublier la légère frustration de ne pas entendre le concerto d'une pièce.
Le public était remarquablement silencieux, même les bambins étaient scotchés (leurs parents reviendront!),
mais manifesta son plaisir par de longs applaudissements et des rappels à la fin.
L'orchestre national d'Ile-de-France et Louis Lortie furent magnifiques.
Enrique Mazzola dirigea ce concert avec sa grâce et son aisance habituelles.
Les comédiens furent parfaits: présence juste, et conviction du propos. Bravo à tous, mais aussi
aux artistes invisibles: Anne-Charlotte Rémond pour le texte, Jeanne Debost pour la
coordination artistique et la mise en espace, et Sébastien Bretagne pour la vidéo.
Sylvie, blogmestre