Le second film de ma soirée cinéma de dimanche soir, à la Grande Halle de la Villette, se passait à
Rochefort, Charente-Maritime, ville de garnison et de pêcheurs, à l'embouchure de la Charente, dont la
première scène se déroule sur le pont transbordeur de 1900, classé depuis monument historique.
Le film est très coloré, et le régisseur aurait fait repeindre un millier de volets sur la place Colbert...
L'histoire: une troupe de forains s'installe dans une petite ville de province (Rochefort, donc), sur une place
où un estaminet tout de verre abrite les déambulations des uns et des autres, se croisant parfois sans
se voir, ratant l'amour de leur vie à deux secondes près, fatalité! Les deux soeurs rêvent de Paris, leur
mère (Danielle Darrieux) pense à son amour passé, qui est revenu à Rochefort sans qu'elle le sache.
Jacques Perrin, en marin improbable et joyeusement désespéré, cherche son idéal féminin et dessine
Delphine qu'il n'a jamais rencontrée. Un certain Subtil Dutrouz découpe les vieilles dames qui lui ont
autrefois résisté, et dont le souvenir ne le lâche pas, tout particulièrement une certaine Lola Lola
(Marlène Dietrich dans " L'Ange bleu" de Sternberg). Les forains perdent leurs cavalières et tentent de
séduire celles qu'ils ont sous la main. Solange-Françoise rencontre Andy le pianiste (Gene Kelly), son
sourire radieux, et en tombe raide amoureuse, et lui aussi. Mais sous la surface futile de la comédie
musicale, il y a un vrai jeu de marionnettes, celui du destin. Le réalisateur démiurge choisit de réunir
chacun avec sa chacune, mais nous savons bien que la vie lance les dés à l'aveugle.
Alors nous acceptons d'y croire, pour deux heures, à cette histoire rose, et nous repartons contents.
C'est le principe des comédies musicales. On gardera l'image émouvante de Françoise Dorléac, dont le visage n'a pas la
sérénité de sa jumelle, comme si l'accident de voiture qui lui coûtera la vie était déjà inscrit dans son inconscient, prémonitoire.
Mon film préféré de Françoise Dorléac est "La Peau douce" de François Truffaut, elle y est unique, et toute en féminité.
Une place de Rochefort porte aujourd'hui le nom de Françoise Dorléac. Une place du XIVè arrondissement
de Paris porte le nom de Jacques Demy, baptisée solennellement par, entre autres, le père d'icelle blogueuse, eh oui.
Sylvie, blogmestre