J'étais hier soir au premier concert de Bruce Springsteen à Paris Bercy (Accor Hôtel Arena),
ayant acquis un billet d'occasion. Il y avait beaucoup de revente de billets devant Bercy... et les files
de postulants à l'entrée zigzagaient, houspillées par les agents de régulation de la manifestation.
Partie d'Arcueil-gare à 18h37*, j'étais arrivée à la station Bercy à 19h10, le concert commençait à 19h30, précisait le billet.
"Dépêchez-vous", nous pressaient les agents de contrôle," il commence à l'heure et il n'y a pas de première partie". Je fus ravie:
nous allions ressortir tôt, et je rentrerais chez moi à une heure décente... Mais une fois à l'intérieur, j'appris
que Springsteen, also known as "The Boss", était un habitué des concerts de plus de trois heures!
J'ai payé le billet moins cher que sa valeur faciale, mais vu les conditions de spectacle, c'était quand même exorbitant.
La salle était très pleine, la fosse était séparée en deux par une passerelle déambulable pour chanteur déambulateur.
La scène était dépouillée. Pas de grands écrans couverts de vidéos suggestives, pas de tête de
mort géante souriant au plafond, et des auditeurs à l'arrière de la scène comme à la Philharmonie.
C'était un concert de rock pur et dur (enfin, avec quelques slows quand même, heureusement pour moi). Le concert
reprenait les titres des années 70-80 qui avaient fait la gloire du chanteur, dont je connaissais la majeure
partie, en ayant parfois un peu de mal à mettre un titre sur la musique, en partie parce que les paroles
étaient peu audibles. J'appréciais les slows, pour au moins deux raisons: ils étaient joués moins fort que les rocks, et
mes voisins de devant s'asseyaient enfin... (je ne comprends pas comment on peut acheter des places aussi chères pour
ne pas s'y asseoir... la fosse, c'est meilleur marché, et on y est debout tant qu'on veut sans gêner personne !)
Les paroles étaient peu audibles parce que le son était trop fort. Ceci mis à part, c'était une grande fête.
Je pense que les touristes anglophones présents pour l'Euro de foot étaient nombreux, car la participation
chantée avec les paroles était impressionnante. Voici "The River", l'histoire triste d'un amour mort
Springsteen a changé physiquement depuis la sortie de cette chanson, mais la voix demeure intacte,
absolument reconnaissable, impossible de confondre avec quelqu'un d'autre. J'ai découvert que le site officiel
du chanteur donne les paroles de ses chansons, et me demande si les amateurs ne les apprennent pas par coeur
avant d'aller au concert... hmmm? Il est très charismatique, et va volontiers au contact des fans.
Voici l'usage qu'il fait de la passerelle déambulatoire mentionnée plus haut, tout en serrant des mains,
il avise un panneau "Papa m'a promis un câlin du Boss" (en anglais), brandi par une jeune fille. Ni une
ni deux, la demoiselle est portée par la foule vers le chanteur, étreinte, puis réexpédiée dans la fosse par la même voie!
L'an dernier, au stade de France, je m'étais demandée à quoi carburait Mc Cartney, qui avait assuré seul trois heures
de concert. Je me pose la même question pour Springsteen. C'est très sérieux, lequel d'entre vous choristes se verrait faire
plus de trois heures de concert sans interruption? Je veux la recette! Le concert avait commencé un peu plus tard
que prévu, à 19h50 environ. Pendant des dizaines de minutes, Bruce enchaîna les rocks de sa voix
grave un peu éraillée (mais il peut chanter aigu aussi, il nous a fait une démonstration), toujours de la même manière,
il terminait un morceau, le batteur faisait un court solo de batterie, Bruce disait "one, two, three, four",
et c'était parti pour la chanson suivante. Sur le site des Inrocks, j'ai lu qu'il enchaînait les titres de l'album "The River".
Voici ci-dessous, non pas la danse des plantigrades comme on pourrait le penser, mais la chanson "Hungry heart"
(everybody's got a hungry heart), telle que je la voyais, assise à ma place, avant de me lever,
histoire de re-voir le chanteur...
J'ai eu l'impression, probablement justifiée, que le son était de plus en plus fort à mesure que le concert avançait. Par moments,
on n'entendait plus bien ce qui se passait, par saturation, j'étais devenue à moitié sourde. Au début, c'était gênant, mais non
douloureux, puis ça le devint. N'ayant pas emporté de protections auditives, vers 22h30, je suis sortie de la salle, après 2h40 de
concert et une fausse fin. Quand j'atteignis les escaliers, j'entendis "Born to run", et faillis rentrer dans la salle, mais la douleur
me rendit prudente. Je repris le métro à 22h34**, on entendait la musique de l'extérieur du Palais omnisport... J'ai appris
aujourd'hui que les plombs sautèrent à 22h35, ce qui ne m'a pas surprise, vu la puissance acoustique de la sono.
Le concert a duré 3h45, et Bruce a occupé la panne à signer des autographes aux fans ravis de l'aubaine.
Sylvie, blogmestre