Si vous avez été lycéen (ne) vous n'avez pu échapper à Britannicus. Cette tragédie de Racine est
officiellement au programme de la classe de seconde. Elle est la deuxième tragédie la plus jouée à la
Comédie française, où je suis allée la voir vendredi 15 juillet. Dans une salle pleine, grâce à un billet acheté
d'occasion, car toutes les réservations sont complètes jusqu'au 23 juillet, qui est la dernière avant la pause estivale.
Un petit rappel: il s'agit d'une tragédie en cinq actes, écrite en alexandrins, avec dans
la déclamation le balancement caractéristique à ces vers, dont la césure est à l'hémistiche,
c'est à dire au milieu du vers à douze pieds: à six pieds du début, et six pieds de la fin.
"Il sait, car leur amour ne peut être ignoré,
Que de Britannicus Junie est adorée.
Et ce même Néron, que la vertu conduit,
Fait enlever Junie au milieu de la nuit."
Avant la représentation, les acteurs montèrent sur scène et demandèrent une minute de silence
en hommage aux victimes de Nice. Toute la salle se leva silencieusement.
L'action se passe à Rome, au premier siècle après JC. L'empereur Claude a eu un fils, Britannicus, de
son épouse Messaline. Puis il a épousé Agrippine, qui avait elle aussi un fils, Néron. Agrippine parviendra
à convaincre Claude de laisser l'Empire à Néron, déshéritant ainsi son propre fils Britannicus. Néron a
épousé Octavie, la soeur de Britannicus, lequel aime Junie. La pièce commence alors que Néron vient de
faire enlever Junie, dont il veut faire sa femme, après avoir répudié Octavie, ce qui lèsera Britannicus une
deuxième fois. Agrippine s'oppose à son fils, car elle continuait à régner avec Octavie comme bru,
et Junie s'annonce comme une rivale. Elle veut récupérer son emprise sur Néron, et fait alliance avec
Britannicus. Hélas, celui-ci est conseillé par Narcisse, un proche de Néron, qui apprend au fut et à mesure
tout ce que fait et pense son rival. Le conseiller de Néron, Burrhus, est honnête mais ne suffira pas à
contrer Narcisse. Après avoir ravi Junie, Néron décide d'assassiner Britannicus par empoisonnement
lors d'un banquet. Il y perd Junie, qui décide de se faire Vestale pour lui échapper.
La mise en scène était de Stéphane Braunschweig, qui a choisi de faire jouer les acteurs en vêtements
de ville noirs, gris, ou noirs et blancs, du XXIè siècle, et de situer l'action dans un bureau à sept portes
blanches, sur murs noirs, avec une grande table et des chaises de bureau, où ont lieu les échanges.
Cette transposition complique la pensée du spectateur, car lorsqu'il entend "César", et qu'il voit Néron en costume-cravate,
il faut quelques connexions neuronales supplémentaires pour que l'esprit associe les deux. Agrippine, en tailleur-pantalon,
avec boutons de manchettes, était jouée par Dominique Blanc que j'aime beaucoup au cinéma, et que je voyais
au théâtre pour la première fois. Comme le personnage a une force et une volonté masculines, c'était bien vu.
Peut-être était-ce la transposition dans le temps, la tragédie était décalée, avec des pointes d'humour
de la part des acteurs. Ca ne m'a pas gênée, personnellement, surtout ce soir-là où la tragédie était
malheureusement présente dans notre vie collective, et où cette mise à distance dans une tragédie antique apportait
un peu de répit. Certains l'ont regretté, mais la pièce a été très applaudie. Mon grand bonheur a été de
retrouver les alexandrins, j'ai toujours aimé la poésie et les pièces de théâtre en vers.
A voir, si vous trouvez un billet d'occasion... ou un billet à 5€ de dernière minute.
Sylvie, blogmestre