Hier soir, j'ai entendu la 6è symphonie de Gustav Mahler au Théâtre des Champs-Elysées,
jouée par l'Orchestre Colonne, sous la direction de Roger Epple.
De ma place initiale le théâtre se présentait comme ci-dessous. Ensuite, je suis descendue
de deux rangs, ce qui ne fut pas une bonne idée finalement car il y avait une barre visuellement un peu gênante.
Il y avait en première partie une composition pour orchestre de Jean-François Zygel, intitulée "La Ville",
inspirée par sa première incursion à New-York, que le pianiste médiatique nous a présentée, avec aisance et
ce caractère volubile qu'ont les animateurs de télévision. Un gros contraste avec la sobriété habituelle de parole des
musiciens, qui vous jouent très volontiers en bis une petite pièce charmante, au nom inaudible, en guise de mots.
(Je vous aime, les musiciens!)
J'ai bien aimé la pièce de Zygel, qui pourrait être utilisée comme musique d'un petit film sur
New-York, tant elle était évocatrice d'images. L'auteur était dans un taxi qui roulait trop vite, et découvrait
cette ville verticale qu'est New-York. Ses impressions liées à la vitesse du véhicule et à la hauteur
des immeubles qu'il voyait étaient traduites en musique. Il nous avait bien expliqué avant
la pièce... Jean-François Zygel revint pour nous présenter le chef d'orchestre Roger Epple, et la 6è
symphonie de Gustav Mahler, sachant que le chef était un spécialiste de Mahler. Le livret était bref sur
cette oeuvre, Mahler était dans une période faste de sa vie, en 1907 quand il l'a écrite, et pourtant
la symphonie est désespérée (j'exagère un peu, c'est plus fourni, mais pas beaucoup). Zygel fut un peu
plus disert, il nous parla de l'inversion des 2è et 3è mouvements après la création de l'oeuvre, et
de la double "surprise" du 4è mouvement. Le premier mouvement m'évoqua, comme je l'avais écrit ce matin,
le thème de Dark Vador dans Starwars, et j'en conclus que John Williams devait connaître cette symphonie, et qu'il
s'était inspiré de son caractère désespéré. Enfin, c'était sombre, mais supportable (j'appréhendais un peu),
c'était même très écoutable. L'obscurité fait aussi partie de nos vies. Mahler avait prévu très grand
en instruments, deux harpes, quatre flûtes, quatre haubois, quatre clarinettes, un nombre conséquent
(je ne voyais pas tout) de cuivres, et toutes sortes de percussions, des cloches de vache
(que j'ai prises pour des casseroles...) des timbales, une caisse claire, un xylophone, et aussi un célesta,
bref, de quoi émettre beaucoup de décibels. Peut-être est-ce ma longue pratique de la musique de
cinéma, je n'ai pas trouvé cette musique" desespérée", mais sombre, certes, et vivante, expressive,
jusqu'à ce qu'elle... meure. Dans le très long 4è mouvement, la symphonie subit deux chocs. La
première fois, j'ai sursauté, croyant que le percussioniste avait crevé la caisse claire! Un voisin de concert a parlé de
"coup de hache". La caisse claire paraissant toujours fonctionnelle, la musique a continué,jusqu'à un
second coup fracassant identique. Le 4è mouvement s'est poursuivi dans le bruit et la fureur, jusqu'à
perdre de sa vigueur, le son devenait ténu. Il y eut un dernier poum des percussions et un dernier
ting des cordes pincées, et la symphonie expira. Laissant le silence et la surprise s'installer,
le chef d'orchestre baissa les bras, déclenchant les applaudissements. Le chef Roger Epple était très
sympathique et charismatique, il a embrassé le premier violon à la fin du concert qui a paru un peu surpris.
Voici Roger Epple avec JF Zygel, et les violons du premier rang:
Et voici l'orchestre Colonne aux saluts, ci-dessous.
Sylvie, blogmestre