Hier, j'ai eu la très grande chance de pouvoir obtenir un billet de classe 7 à la revente pour
le Barbier de Séville de Gioacchino Rossini à l'Opéra Bastille. La salle était comble, je n'ai pas osé
quitter mon strapontin à l'entracte de peur qu'on me le prenne!
Voici un extrait de la petite notice distribuée à l'entrée
Et voici une photo de la grande salle de l'Opéra Bastille vue de ma place, à l'entrée de la porte 13,
au deuxième balcon, vue imprenable, beaucoup de personnes s'y sont arrêtées, d'ailleurs.
Il barbiere di Siviglia est l'opéra le plus connu de Rossini. Créé en 1816 d'après un ouvrage de
Beaumarchais, il est aussi considéré comme le chef d'oeuvre de l'opéra-bouffe italien (opéra comique).
Ici, Figaro, barbier dans la ville espagnole de Séville, s'efface devant un duo amoureux, dont il est le
conseiller et l'entremetteur: le comte d'Almaviva, et la jeune Rosina qui est la pupille d'un barbon, il dottore
Bartolo (notons que le personnage du dottore est récurrent dans la comedia dell'arte...). Almaviva a rencontré Rosina
dont il est tombé amoureux. Mais Bartolo a un projet de mariage avec la jeune femme, dont il convoite
l'héritage. Figaro, qui coiffe la demoiselle et le barbon, et , lui prodigue ses bons
conseils, comme s'installer chez eux avec un billet de logement, en faux soldat. Pas de chance,
le barbon a une dispense d'hébergement! Almaviva et Rosina ont échangé des petits billets, celui-ci revient
à la charge en professeur de musique, Bartolo s'endort, et les amants batifolent. Bartolo se réveille, et
entre dans une fureur noire. Il entreprend de salir Almaviva aux yeux de sa pupille, et de hâter son mariage
avec elle au lendemain. Almaviva, qui s'était présenté à Rosina sous une fausse identité,
se dévoile et emporte la main de la belle. J'ai un peu simplifié l'intrigue qui est pleine de quiproquos.
L'opéra joué actuellement à la Bastille comporte quelques particularités notables. Tout d'abord la
distribution: le comte Almaviva est noir et la jeune Rosina est métisse. Joués par Lawrence Brownlee,
et Pretty Yende, le jeune couple amoureux évolue dans le monde actuel, tous les autres acteurs étant
blancs m'a-t'il semblé. Je le souligne, parce qu'il serait difficile de ne pas y voir une intention délibérée!
La jeune femme a d'ailleurs sur la porte de sa chambre, que l'on voit à l'intérieur de sa maison, qui
tourne sur elle-même sur la scène, une affiche de Will Smith, acteur, notamment pour Spike Lee,
chantre notable de l'identité noire. Le barbon et Figaro sont blancs. La mise en scène introduit par
ce biais une dimension supplémentaire que Rossini n'avait pas préméditée, celle des relations inter-
ethniques. Les deux chanteurs ont une très belle voix, Rosina chantera plusieurs contre-uts, et même
un contre-ré avec une facilité déconcertante, ils seront tous deux très applaudis, à la fin du spectacle,
et à chaque prouesse vocale. Les décors méritent qu'on parle d'eux puisqu'on a reproduit une portion
de rue espagnole, avec ses maisons, son bistrot, ses balcons, ses pavés, ses habitants qui forment
le choeur. Dans cette portion de rue, la maison qu'habitent Rosina et Bartolo est montée sur un disque
qui tourne et nous présente à volonté la façade, les escaliers, ou les chambres et les pièces de service.
Devant la porte de la maison, Almaviva a garé une vraie automobile, puis il garera une moto, sur laquelle
les jeunes mariés s'en iront en traînant un bouquet d'ustensiles bruyants, comme le veut la tradition...,
Il y a beaucoup d'imagination dans ces décors et cette transposition, parfois c'est presque trop,
Je ne suis pas parvenue à prendre une photo nette des quatre chanteurs principaux, mais une petite vidéo
correcte, qui rend bien l'ambiance enthousiaste de la fin du spectacle. Je vous la mets ci-dessous.
Au centre, Almaviva, Rosina, Figaro (joué par Alessio Arduini), et Bartolo (joué par Nicola Alaimo),
tous les quatre excellents, ainsi que les quatre autres chanteurs.
Si cet opéra vous intéresse, je ne saurais trop vous conseiller de chercher un billet d'occasion, il y a
tous les jours des personnes empêchées qui revendent leurs billets...
Sylvie, blogmestre