Ce matin, j'ai participé à un "concert en famille" dans la grande salle de la Philharmonie de Paris, destiné
aux auditeurs « à partir de 6 ans ». Il y avait des enfants, des parents, des grands parents, et des adultes
non accompagnés comme moi, allant entendre les Quatre saisons d'Antonio Vivaldi décortiquées et
expliquées à tous par le menu. Devant moi, sur l'escalier mécanique qui montait à l'assaut de la façade de l'immense
salle de concert, un petit garçon serrait un gros perroquet multicolore en tissu, venu, lui aussi, se cultiver en famille.
J'étais au premier rang sur le côté de la scène, très bien placée. Il y avait beaucoup d'auditeurs, jusque
sur les seconds balcons, mais pas dans l'arrière scène, car des photos de tableaux y étaient projetées
derrière l'ensemble instrumental pour accompagner la musique. Il y eut quatre scènes vénitiennes, provenant
du Louvre et du Grand Palais, et quatre saisons, dont une de Fragonard, provenant du Louvre, du Petit Palais
et du Musée de Grenoble, ces peintures datant du XVIIIè siècle, contemporaines du compositeur.
L'ensemble Gli incogniti interprétait les Quatre saisons, avec Amandine Beyer au violon solo.
L'orchestre comptait douze musiciens et douze instruments à cordes : sept violons, un alto, un violoncelle,
une contrebasse, un théorbe, et un clavecin. Le récitant, François Castang, racontait les scènes
décrites par Vivaldi dans ses phrases musicales. En guise d'introduction, Amandine Beyer nous joua
un gazouillis de violon obtenu en plaçant les doigts de la main gauche très loin dans les aigus sur le
manche de l'instrument. Puis, ce fut le Printemps... Sur le livret distribué à l'entrée de la salle, on apprenait
que l'oeuvre que nous connaissons est un regroupement de quatre concertos distincts, pour lesquels Vivaldi
avait aussi écrit des sonnets, dont les sujets et leur évocation musicale nous seront détaillés pas à pas,
par le récitant d'abord, par l'ensemble instrumental ensuite. Amandine Beyer, en bustier orange,
était impressionnante de virtuosité, et l'ensemble était excellent. Le concert commenté a duré un peu plus
d'une heure. Les enfants ont été très sages, attentifs. Bissé, l'ensemble nous a interprété à nouveau la
partie de l'Hiver qui correspond à la douceur du foyer bien au chaud, quand la froidure sévit dehors.
Cette explication musicale était très intéressante, elle nous éclairait sur les intentions du compositeur,
et sur la manière dont il s'y était pris pour les transcrire en musique. Et nous avions un extraordinaire
ensemble pour matérialiser superbement les intentions musicales du signor Antonio.
Personnellement, j'aurais adoré que l'ensemble file l'oeuvre après les explications, afin de reconnaître par moi même ce que
l'on venait de nous expliquer, mais ç'aurait été trop long pour les enfants. Il ne restait plus qu'à le faire en devoir à la maison !
Nous sommes ressortis au grand air après beaucoup d'applaudissements, et de rappels.
J'ai bien aimé cette formule didactique qui réunit les jeunes auditeurs et les mélomanes plus aguerris.
Mélanger les publics quand c'est possible est toujours une source de cohésion sociale,
outre l'épanouissement artistique. Bravo la Philharmonie !
Sylvie, blogmestre