J'ai changé de quartier hier soir, et suis allée voir Anne Roumanoff dans son nouveau spectacle
« Aimons-nous les uns les autres », à l'Alhambra, dans le 10è arrondissement.
Une file d'attente impressionnante longeait la rue, encadrée sur le trottoir par des barrières aux points
de contrôle. Deux demoiselles munies d'un panier d'osier proposaient des chocolats « Mon chéri »
de la part de la comédienne, à celles et ceux qui en voulaient, en clin d'oeil à sa publicité pour la marque.
J'avais une place au fond de la salle, au balcon, réservée le jour même.
Que de monde dans ce théâtre ! Des décorations en forme de cœur habillaient l'arrière-scène, qui
changèrent de couleur au cours du spectacle, et de petits canons gros et ronds étaient utilisés
comme projecteurs (et non pour tirer à boulets rouges sur le public comme on aurait pu le redouter!)
Anne entra en scène et commença par une séance d'auto-critique en règle, je suis ceci, je ne suis pas cela,
dans laquelle perçait la dure existence de la femme française d'aujourd'hui, notamment dans le choix de la taille
de ses blue-jeans... Le ton était donné pour la suite du spectacle, qui consiste en une succession de petites
scènes, où elle incarne d'autres femmes. L'épouse quinquagénaire qui pimente des relations avec son mari
m'a fait pleurer de rire, particulièrement les petites pilules bleues surdosées achetées sur internet, qu'elle a fini par
donner au chat, qu'on n'a plus revu pendant une semaine... Il y eut aussi l'adjointe à la culture de Cucugnon, qui
travaille dans la perle (de culture), ornée d'une fausse perruque blonde; la mère qui organise un goûter
d'anniversaire et à qui ses pairs largue leurs marmots hurleurs avec soulagement; la fonctionnaire de Pôle
emploi qui tente d'insérer une lycéenne sous-diplômée et ignare, et finit par craquer; la réalisatrice d'une
émission de télé-réalité, qui construit un faux couple à problèmes à partir de deux spectateurs choisis dans
la salle; la mère d'élève ragotant sur l'enseignante devant d'autres parents, etc... Ca fuse sans arrêt, bons
mots, situations réelles finement observées, le public rit et applaudit. Il chante aussi à la demande, et juste, bravo !
Et puis il y a quelques satires politiques affichées ou plus discrètes, où chacun en prend pour son grade,
ce qui divertit manifestement la salle. Après 90 minutes environ, le spectacle se termine, je prends une photo des saluts.
Mais ce n'est pas tout-à-fait fini, en guise de bis, nous avons droit à une fable politique en vers, sur le
modèle La Fontaine, bien connu de tous les écoliers français. Il s'agit d'oiseaux, de drôles d'oiseaux
(hé, bonjour, Monsieur du Corbeau!) mais je n'en dévoilerai pas plus. Anne Roumanoff salue définitivement
sous les applaudissement, et disparaît en coulisses, après nous avoir recommandé de reprendre des "Mon chéri"
à la sortie du théâtre, qui bouchonne bien plus que l'entrée, tous les chocolats ont été mangés avant mon passage
devant les demoiselles aux paniers... je prends une photo de l'Alhambra vu du trottoir d'en face, avant de rentrer chez moi.
Sylvie, blogmestre