Hier samedi 28 novembre 2015, c'était la rentrée solennelle au centre René Cassin, où je repique ma
troisième année de licence de droit. J'avais bien fait d'y aller, c'était re-mobilisant.
Le soir, je suis allée au cinéma voir une autre robe rouge, dans un film de Christian Vincent nommé
« L'hermine », avec Fabrice Luchini et la formidable Sidse Babett Knudsen , qui interprétait
Birgit Nyborg dans la série politique danoise « Borgen », laquelle a connu un succès international.
Je suis arrivée à Montparnasse vers 19h50 pour la séance de 20h, dans l'une des grandes salles.
Après dix minutes de queue pour avoir un billet, alors que j'arrivai enfin au guichet, et qu'il restait plus
de 100 places libres dans la salle, qu'il y a dix minutes de publicité avant le film, et qu'on peut encore
entrer légalement dans le premier quart d'heure qui suit le début de la projection, on nous annonça
officieusement que « les places étaient bloquées » pour la salle n°2, où se donnait le film. J'essayai
alors une machine, nouvelle queue, rejet de la carte ciné, puis acceptation, j'obtiens enfin un billet pour
la séance suivante de 21h45, à 20h11, c'est-à-dire avant 20h25 où il n'était légalement plus possible
d'entrer dans la salle 2... Etait-ce Vigipirate ? (il faut faire ouvrir tous les sacs, ça prend du temps).
Je suis allée tuer le temps dans un débit de boissons et viennoiseries montparnassien, qui avait le wi-fi,
et me suis fait pirater la connexion en tentant de réserver une place de concert... Enfin, ce fut l'heure du film !
Son propos est simple : un président de Cour d'assises complètement verrouillé sur lui-même et
surses procès, lors d'une audience publique pour un infanticide, retrouve dans le jury une femme qu'il
a déjà rencontrée. Cette femme est rayonnante d'humanité, son contact et son soutien vont déverrouiller
notre magistrat. Bien qu'il affiche une popularité notable, c'est un film d'art et d'essai, présenté en
sélection officielle au Festival de Cannes. Son réalisateur est Christian Vincent, qui avait percé au début
des années 90 avec « La discrète », dont le rôle principal masculin était tenu par le même acteur,
Fabrice Luchini. Mais autant « La discrète » était cynique et poliment féroce, autant « L'Hermine » est
humaine et porteuse d'espoir. La très jolie actrice danoise qui tient le rôle principal féminin est
rayonnante et parle très bien français. Fabrice Luchini qui a obtenu le prix d'interprétation pour ce rôle,
fait un Président de Cour d'assises très crédible, un homme qui se met à douter. Le matin, à la faculté
de droit, on nous a dit qu'il fallait de l'esprit critique aux juristes. Le soir, je voyais l'esprit critique à l'oeuvre dans la
personne de ce juge, soutenu moralement par sa jurée danoise, face aux parents moralement détruits
du bébé mort. C'est un film très intéressant, que je conseille vivement aux amateurs de cinéma
français de haute qualité. Je serais intéressée par un retour des juristes plus aguerris
que moi qui l'auraient vu...qu'en avez-vous pensé ?
Sylvie, blogmestre