C'était mon troisième teen-age memory concert de l'année, les précédents ayant été Paul Mc Cartney
au Stade de France et The Who au Zénith (dont je n'ai pas parlé sur le blog, c'était avant que je devienne une
blogueuse compulsive...) Quand j'étais adolescente dans ma cité de banlieue rouge, nous organisions des "boums" dans
les caves. Il y avait toujours quelqu'un pour apporter « Machine Head », l'album le plus populaire du groupe de hard rock
Deep Purple. C'est de la musique in-dansable, mais on pouvait sauter dessus en rythme avec la guitare ou la batterie,
ce qui nous plaisait beaucoup (les habitants du rez-de-chaussée au dessus de la cave appréciaient moins).
Hier soir 11 novembre, j'allais voir Deep Purple, ou ce qu'il en restait après de multiples remaniements.
C'était au fond du Parc de la Villette, en laissant la Philharmonie à sa droite. Il y avait du monde qui
faisait la queue aux multiples guichets, et il y avait même une queue spéciale pour les billets qui ne
passaient pas automatiquement à la validation optique (ce fut le cas du mien!)
A l'intérieur, des vendeurs de boissons et comestibles, de tee-shirts et affiches, et de protections auditives
violettes (assorties au groupe?) se partagent le terrain. Je gagne ma place, qui est tout en haut mais juste en face de
la scène. Mon voisin juste devant doit faire 1,85m, mais heureusement, il ne se redresse pas trop ! Les plus de
6000 places de la salle de spectacle se garnissent d'occupants, jusqu'à saturation. On voit passer d'anciens
rockeurs quinquagénaires ou sexagénaires, certains ont même ressorti le perfecto, croulant sous les hot-dogs, frites et bières
qu'ils rapportent pour toute leur rangée. Le public a pris de l'âge avec ses idoles... Un jeune homme derrière moi dit
quand même que « le public est très varié », et que dans une autre ville il n'y avait que des jeunes allumés...
Le spectacle commence à 19 heures avec une première partie d'un autre groupe de hard rock, qui
s'appelle Rival sons. Je ne connais pas, mais c'est sympa, le chanteur est pieds-nus avec une belle
tignasse il a de la voix et de la pêche (dans ces groupes de rock, on peut muscler les instruments , mais si le chanteur
n'a pas de voix ou de charisme, c'est rédhibitoire). Pendant toute la première partie, des spectateurs
continuent d'arriver, et les ouvreuses montent sans discontinuer les marches pour les placer.
La salle finit par être pleine comme un œuf !
A 20h15, dans une musique symphonique grandiose type Star wars, Deep Purple fait son entrée
en scène, dans le noir. Puis les spots s'allument et le groupe attaque « Highway star » dans les cris
des premiers rangs, qui connaissent la discographie par cœur. Le chanteur, Ian Gillan, a encore
beaucoup de voix (mais plus assez d'aigus pour nous interpréter « Child in time », qui comporte un passage en voix
de tête, ce que je regrette), jean noir et T-shirt assorti, du muscle et du tonus, cheveux courts gris.
Les deux autres membres historiques du groupe (= ceux qui étaient là au top des années 70), Ian Paice
à la batterie et Roger Glover à la basse, sont toujours excellents mais plus marqués par l'âge.
Et il y a les petits nouveaux, Steve Morse qui a remplacé Ritchie Blackmore à la guitare (mon jeune voisin
explique à sa maman que Blackmore se serait fritté avec le chanteur...), et Don Airey, qui a remplacé
Jon Lord aux claviers, décédé en 2012.
Citation musicale courte de Smoke on the water respectant le copyright britannique
Hurlements dans la salle. On nous demande de chanter... je suis la seule de mon entourage à
chanter le refrain, pourtant ce n'est vraiment pas difficile. Et ici on touche quelque chose qui me chagrine,
c'est l'inhibition des spectateurs. Sans casser les fauteuils, on leur demande de chanter, qu'est-ce qui les retient de
chanter ? C'est le clou de la fête, l'apogée du concert. Ils font mine de s'en aller, reviennent avec des
bières qu'ils lèvent à notre santé, on les supplie, ils ne se font pas prier pour revenir, chantent
encore une reprise de « Hush » sauce Deep Purple, « Space truckin' », une dernière pour la route
et s'en vont pour de bon. Ian Gillan nous exprime avant de nous quitter tout le plaisir qu'ils ont eu
de nous voir (et nous donc!) et combien nous sommes formidables, et hop, ils sont partis.
Nous ressortons péniblement du Zénith, ça bouchonne aussi dans l'autre sens, et dehors, il pleut,
les feuilles tombées au sol glissent, nous nous hâtons vers le métro...
Sylvie, blogmestre