12 novembre 2015 4 12 /11 /novembre /2015 14:14

C'était mon troisième teen-age memory concert de l'année, les précédents ayant été Paul Mc Cartney

au Stade de France et The Who au Zénith (dont je n'ai pas parlé sur le blog, c'était avant que je devienne une

blogueuse compulsive...) Quand j'étais adolescente dans ma cité de banlieue rouge, nous organisions des "boums" dans

les caves. Il y avait toujours quelqu'un pour apporter « Machine Head », l'album le plus populaire du groupe de hard rock

Deep Purple. C'est de la musique in-dansable, mais on pouvait sauter dessus en rythme avec la guitare ou la batterie,

ce qui nous plaisait beaucoup (les habitants du rez-de-chaussée au dessus de la cave appréciaient moins).

 

Hier soir 11 novembre, j'allais voir Deep Purple, ou ce qu'il en restait après de multiples remaniements.

C'était au fond du Parc de la Villette, en laissant la Philharmonie à sa droite. Il y avait du monde qui

faisait la queue aux multiples guichets, et il y avait même  une queue spéciale pour les billets qui ne

passaient pas automatiquement à la validation optique (ce fut le cas du mien!)

Ce billet bleu est violet foncé

Ce billet bleu est violet foncé

A l'intérieur, des vendeurs de boissons et comestibles, de tee-shirts et affiches, et de protections auditives

violettes (assorties au groupe?) se partagent le terrain. Je gagne ma place, qui est tout en haut mais juste en face de

la scène. Mon voisin juste devant doit faire 1,85m, mais heureusement, il ne se redresse pas trop ! Les plus de

6000 places de la salle de spectacle se garnissent d'occupants, jusqu'à saturation. On voit passer d'anciens

rockeurs quinquagénaires ou sexagénaires, certains ont même ressorti le perfecto, croulant sous les hot-dogs, frites et bières

qu'ils rapportent pour toute leur rangée. Le public a pris de l'âge avec ses idoles... Un jeune homme derrière moi dit

quand même que « le public est très varié », et que dans une autre ville il n'y avait que des jeunes allumés...

 

Le spectacle commence à 19 heures avec une première partie d'un autre groupe de hard rock, qui

s'appelle Rival sons. Je ne connais pas, mais c'est sympa, le chanteur est pieds-nus avec une belle

tignasse il a de la voix et de la pêche (dans ces groupes de rock, on peut muscler les instruments , mais si le chanteur

n'a pas de voix ou de charisme, c'est rédhibitoire). Pendant toute la première partie, des spectateurs

continuent d'arriver, et les ouvreuses montent sans discontinuer les marches pour les placer.

La salle finit par être pleine comme un œuf !

La salle du zénith en self-made panoramique

La salle du zénith en self-made panoramique

A 20h15, dans une musique symphonique grandiose type Star wars, Deep Purple fait son entrée

en scène, dans le noir. Puis les spots s'allument et le groupe attaque « Highway star » dans les cris

des premiers rangs, qui connaissent la discographie par cœur. Le chanteur, Ian Gillan, a encore

beaucoup de voix (mais plus assez d'aigus pour nous interpréter « Child in time », qui comporte un passage en voix

de tête, ce que je regrette), jean noir et T-shirt assorti, du muscle et du tonus, cheveux courts gris.

Les deux autres membres historiques du groupe (= ceux qui étaient là au top des années 70), Ian Paice

à la batterie et Roger Glover à la basse, sont toujours excellents mais plus marqués par l'âge.

Et il y a les petits nouveaux, Steve Morse qui a remplacé Ritchie Blackmore à la guitare (mon jeune voisin

explique à sa maman que Blackmore se serait fritté avec le chanteur...), et Don Airey, qui a remplacé

Jon Lord aux claviers, décédé en 2012.

Deep Purple sur scène

Deep Purple sur scène

Ce n'est pas anodin, car le groupe a des solos singuliers de tous les instruments, et la virtuosité

des premiers demandait d'autres virtuoses pour leur succéder. Le concert est construit de manière

étudiée, d'abord des vieux tubes, qui chauffent la salle, puis des chansons plus récentes, puis des

morceaux cultes, une fausse sortie, et quelques autres pièces pour finir. Une autre spécificité de Deep

Purple, c'est de tirer des instruments électriques des sonorités in-ouïes (dans le sens « non-entendues »).

Ainsi, nous aurons un solo de guitare et un autre de claviers (et celui-ci a beaucoup joué Bach, on l'entend!),

produisant des sons étonnants, que l'on n'attribuerait pas à ces deux instruments. Sur un solo de

batterie, un bon vieux solo de batterie, remarquable de dextérité eu égard à l'âge du batteur, les lumières se

sont éteintes et les baguettes sont apparues dessinant de lumineuses arabesques de couleurs

variées dans le noir... C'est un groupe où rien n'est ordinaire, il y a de la recherche partout.

Ce qui m'a frappée aussi, pour la performance physique, c'est qu'ils enchaînent tous les morceaux. On a à peine

le temps d'applaudir, au passage, qu'ils sont déjà repartis. Et puis à 21h45, il est là, LE tube planétaire,

dont les quelques notes entêtantes hantent même les joueurs de balalaïkas (voir les choeurs

de l'armée rouge le mois dernier)... « Smoke on the water » is there !

 

Citation musicale courte de Smoke on the water respectant le copyright britannique

 

Hurlements dans la salle. On nous demande de chanter... je suis la seule de mon entourage à

chanter le refrain, pourtant ce n'est vraiment pas difficile. Et ici on touche quelque chose qui me chagrine,

c'est l'inhibition des spectateurs. Sans casser les fauteuils, on leur demande de chanter, qu'est-ce qui les retient de

chanter ? C'est le clou de la fête, l'apogée du concert. Ils font mine de s'en aller, reviennent avec des

bières qu'ils lèvent à notre santé, on les supplie, ils ne se font pas prier pour revenir, chantent

encore une reprise de « Hush » sauce Deep Purple, « Space truckin' », une dernière pour la route

et s'en vont pour de bon. Ian Gillan nous exprime avant de nous quitter tout le plaisir qu'ils ont eu

de nous voir (et nous donc!) et combien nous sommes formidables, et hop, ils sont partis.

Nous ressortons péniblement du Zénith, ça bouchonne aussi dans l'autre sens, et dehors, il pleut,

les feuilles tombées au sol glissent, nous nous hâtons vers le métro...

 

Sylvie, blogmestre

 

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commentaires

A
Bravo Sylvie pour le concert des Deep Purple, on a l'impression d'y être,c'est génial, c'est toute ma jeunesse !
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B
Merci Annie, je vais ajouter une anecdote rien que pour toi: à la fin du concert, le bassiste a lancé son mediator aux spectateurs du premier rang, qui ont dû se l'arracher, car il est sorti en chercher d'autres, et les a lancés aux mains qui se tendaient vers lui, souvenir!
Z
Tu es vraiment irremplaçable<br /> Quel bonheur de suivre toutes tes sorties... C'est vraiment ta vie. Dans mon chœur de 77 (lien du site) je m'occupe du secrétariat, site (partie choriste avec code, pas aussi bien que le blog que j'avais avant) et journal, mais je ne fais que taper à la machine... sans ta verve et tes connaissances musicales. C'est un bonheur de te lire. J'appreends plein de choses... à mon âge (Pierre ne supportait plus les plus de 70 ans il y a déjà 8 ans...)<br /> Choeurdialement<br /> Jacqueline
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B
Après vérification, le chanteur et le bassiste de Deep Purple ont 70 ans, le batteur et le pianiste 67, le guitariste 60. Je peux te dire que le batteur a des articulations en meilleur état que les miennes! Et le chanteur tient très bien la route, et même mieux que ça! Ca réconforte de les voir encore si vaillants, on est un peu surpris (ce n'est quand même pas de la musique de tout repos, le hard rock) qu'ils aient encore tant de punch. Tiens en cherchant je m'aperçois que j'ai fait une bourde sur celui qui est décédé... je vais corriger. Choeurdialement aussi :-)

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