Hier soir 6 novembre, après être allée voir mes parents enfermés en clinique à l'insu de leur plein gré
et du mien, j'ai assisté à un spectacle de danse contemporaine donné par le chorégraphe japonais
Saburo Teshigawara au Théâtre des Champs Elysées. Le spectacle s'appelle « Mirror and music »,
j'en avais vu un extrait vidéo sympathique, et avais pensé qu'un peu de danse adoucirait l'ambiance.
J'étais placée au deuxième rang de côté, mais ai été replacée plus au centre, à une place d'où je voyais
parfaitement la scène, le théâtre n'étant pas plein. J'aime beaucoup ce théâtre, il est très beau, j'aurais
aimé le connaître quand il a ouvert ses portes, à la Belle Epoque... Au deuxième balcon, les sièges
sont standard, mais plus bas, il y a de vrais fauteuils et de vraies chaises. J'imagine des dames
en robe longue avec tournure, et des messieurs en frac et haut de forme, venant au spectacle.
Voici une photo des fresques et bas-reliefs, orgue, qui surmontent la scène :
Voici une photo de la salle actuelle vue du deuxième balcon:
Mais quand le spectacle commence, on pense plutôt à Metropolis qu'à l'élégante société de mes
évocations... Ouverture sur deux silhouettes encapuchonnées dans le noir, éclairées par pinceau
lumineux stroboscopique, sur vacarme épouvantable de type soufflerie géante. D'autre silhouettes
apparaissent qui s'animent progressivement, le bruit violent continue, on reste dans l'industriel, une
chaîne de production peut-être ? Une sorte de gros triton rampe sur le sol sur une planche à roulettes...
Brusquement, cassure. Musique de chambre baroque, clavecin et violon, puis viole et flûte, puis
violoncelle. Les danseurs et danseuses ont baissé le capuchon et changé de costumes, ils tournoient
et font des arabesques avec leurs bras, répétitivement. Suit un plan où cinq d'entre eux sont au sol sur
des plans inclinés, comme désarticulés, éclairés alternativement. Puis il sont debout et agitent les
bras verticalement, l'éclairage ne laisse voir que les chairs, ils sautent d'un pied sur l'autre pendant
très longtemps, puis s'écroulent. Retour de l'ambiance industrielle, on est passé de la soufflerie au
bruit de turbines type décollage d'avion. Les corps sont éclairés par des pinceaux de lumière
stroboscopique en faisceau, les danseurs se déplacent derrière, un très beau choeur double se fait
entendre, lent et envoûtant. Les sautillements des danseurs d'un pied sur l'autre ont repris,
jusqu'à épuisement des corps, qui disparaissent dans le noir au fond de la scène.
Les spectateurs restent un peu interdits, puis applaudissent normalement. Le spectacle a duré une
heure et quart, j'admire le caractère sportif et l'endurance des danseurs. En revanche la démarche
artistique me laisse perplexe. Les moments de grâce provenaient de la musique de chambre, et du
choeur final, emprunts « non-vivants » dont on ne connaîtra ni le nom des œuvres entendues, ni les interprètes...
Une dame à côté de moi dit à son époux récalcitrant « Mais c'est une expérience ! »
L'avenue Montaigne est mouillée, pluvieuse et glissante, quand nous ressortons, chacun se dépêche de rentrer
chez soi. Je prends une photo humide des Champs-Elysées avant de descendre l'escalier
assorti de la station de métro Franklin D. Roosevelt...
Sylvie, blogmestre